lundi 9 novembre 2015
Ils sont soupçonnés d’avoir attaqué des sites web institutionnels en décembre 2014 et janvier 2015, dont celui du ministère de la Défense pour protester contre la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, ont comparu ce matin devant le tribunal correctionnel de Nancy (Meurthe-et-Moselle), où plus de 150 soutiens se sont rassemblés.
David Druart (alias ErcUn) 41 ans, Loïc Schneider (Boby) 20 ans, et Cédric Sibille (Seamymsg) 36 ans sont passibles de peines allant en théorie jusqu’à 10 ans de prison et 150.000 euros d’amende.
Les attaques pour lesquelles ils sont jugés sont de type "attaques par déni de service" (DDoS) : il s’agit de saturer les serveurs concernés, pour les rendre inaccessibles au public. C’est une simple manifestation numérique. Un blocus pacifique. Il n’y a aucun vol de donnée ni de destruction de l’infrastructure.
« Si on interdit les manifestations numériques aujourd’hui, demain on va peut-être interdire les manifestations dans les rues », a déclaré un militant venu soutenir les accusés, masque des « Anomymous » sur le visage. « C’est un acte politique, c’est l’équivalent de se mettre devant la porte du conseil général de la Meuse avec une banderole et de bloquer quelques heures. C’est tout, ils n’ont rien fait d’autre », insiste Antoine Godinot, un militant écologiste de « Bure Stop », qui se bat contre le stockage souterrain de déchets nucléaires dans cette commune de lorraine.
L’opération #opGPII avait pour but de sensibiliser contre les « Grands Projets Inutiles et Imposés » tant en France qu’en Europe, dont le projet Cigéo à Bure.
« Pour moi, GPII est une démarche citoyenne. Le but n’était pas de détruire un site Internet ni de faire des dégâts, mais simplement de manifester en rendant le site inaccessible », a déclaré à la barre David Druart.
Selon l’avocat de Loïc Schneider, Me Ambroselli, les sites attaqués sont des « sites vitrines destinés à l’information du public » et ne contenaient pas de données confidentielles. Il s’agit là tout simplement d’un « moyen moderne de militantisme », qui n’a causé « aucun dommage ».
« Ces attaques, il faut vraiment les relativiser, elles ne sont pas si incroyables que ça », a réagi Loïc Schneider à l’AFP. « Ce n’est pas du piratage, c’est une action de contestation comparable en DDOS (déni de service) à une manifestation, un blocus d’université. »
Pour l’avocat de Cédric Sibille, Me Vallée, « il y a une disproportion entre les poursuites engagées et la réalité de l’attaque. » Cela ouvre le champ aux discussions. « Est-ce politique ? Pour museler la parole ? On peut se poser la question ».
« Peu importe le but politique ou citoyen qui était recherché par les prévenus », estime la procureur adjointe, Virginie Giard. « Ils ont franchi la ligne jaune de l’illégalité ».
Elle a requis de 4 à 6 mois de prison avec sursis pour Loïc Schneider, David Druart, et de 8 à 10 mois avec sursis pour Cédric Sibille qui ne s’est pas présenté au tribunal. Les avocats de la défense Me Pereira, Vallée et Ambroselli, ont fait feu de tout bois pour obtenir la relaxe.
La décision a été mise en délibéré au 23 novembre.
ErcUn, Boby et Seamymsg, trois hacktivistes du collectif Anonymous, soupçonnés d’avoir attaqué des sites web institutionnels comparaissent devant le tribunal correctionnel de Nancy.
— Réaction de Me Ambroselli avocat de Loïc Schneider.
De la garde à vue de Loïc Schneider alias « Boby », nous avons découvert qu’il a malheureusement beaucoup parlé aux enquêteurs de la DGSI. Il n’a pas résisté aux manipulations et chantages des barbouzes dont on ne soulignera jamais assez le rôle joué dans l’épanouissement du respect de la personne humaine, de la liberté de pensée et du progrès social... Cédric Sibille, condamné à 8 mois de prison avec sursis, fut la malheureuse victime de la lâcheté de « Boby »...
Rien ne permettait de manière certaine de rattacher « Seamymsg » aux actions puisqu’il n’était que modérateurs sur des IRC. Il est vrai que sur dénonciation il a lui a été affecté un rôle bien différent de celui que l’enquête avait permis d’établir....