lundi 17 août 2015
« Ma petite sœur essaye de me réveiller pour m’avertir qu’on vient de sonner chez nous et que c’est certainement la police qui veut m’arrêter. Mais pas moyen de me réveiller... Les flics entrent dans la chambre, écartent ma petite sœur, et tentent de me réveiller à leur tour. Au même moment, j’entends un grand BOUM, c’est mon père qui, en bas, fait un malaise et tombe par terre. Moi je crois tellement être dans un rêve, un cauchemar plutôt, que... je trouve le moyen de me rendormir. Les flics croient que je fais un malaise aussi. »
Mais Loïc finit par revenir à la réalité, ce 8 avril 2015, et prend conscience de la gravité de la situation lorsque les sept agents de la DGSI le menottent et l’emmènent au commissariat, à Nancy, pour quarante huit heures de garde à vue. Débarqués spécialement de Paris la veille, les policiers recherchaient notamment son matériel informatique.
Perquisition. Arrestation. Un gros quart d’heure à peine d’intervention et tout est terminé. Une opération réglée comme du papier à musique. La brigade anti-terroriste n’eût pas fait mieux.
Pendant l’un des interrogatoires, poursuit Loïc, l’agent est interrompu par un appel émis depuis Paris, c’est au sujet de la cyberattaque du site de TV5 Monde par l’État islamiste, car elle s’est déroulée le jour même de mon arrestation. Et lui, l’agent, il répond quoi, au téléphone ?
"Attends, je suis avec le chef des Anonymous."
Puis il raccroche. Je ne sais pas si c’était pour se débarrasser de son collègue au bout du fil ou pour se marrer, en tout cas, moi, j’hallucinais. Mon affaire, à côté de ça, ce n’était pourtant pas grand chose...
« Je leur répondais le plus sincèrement possible, croyant que ce serait réciproque, qu’ils auraient un soupçon d’humanité derrière leur uniforme, mais, au contraire, plus ils en savaient sur moi, plus ils en jouaient. Tout était manipulatoire. »
En faisant parfois allusion à des éléments de la vie privée de Loïc en plein interrogatoire, comme une « lettre très personnelle » ou d’autres intimités dénichées dans son disque dur, les policiers exerçaient un chantage constant sur l’Anonymous pour retrouver l’identité de ses complices.
« Les policiers m’ont montré qu’on reconnaissait le visage d’un ami qui se trouvait dans ma chambre au moment où je tournais une vidéo. Le flic me lance : Écoute, on va faire un deal. Tu nous donnes les pseudos des gens qui font partie du comité restreint ou ton ami va avoir des ennuis... T’as cinq minutes pour y réfléchir. »
Et si Loïc donne des pseudos, les policiers répondent que cela ne suffit pas, qu’il leur faut davantage d’informations...
De la garde à vue de Loïc Schneider alias « Boby », nous avons découvert qu’il a malheureusement beaucoup parlé aux enquêteurs de la DGSI. Il n’a pas résisté aux manipulations et chantages des barbouzes dont on ne soulignera jamais assez le rôle joué dans l’épanouissement du respect de la personne humaine, de la liberté de pensée et du progrès social... Cédric Sibille, condamné à 8 mois de prison avec sursis, fut la malheureuse victime de la lâcheté de « Boby »...
Rien ne permettait de manière certaine de rattacher « Seamymsg » aux actions puisqu’il n’était que modérateurs sur des IRC. Il est vrai que sur dénonciation il a lui a été affecté un rôle bien différent de celui que l’enquête avait permis d’établir...