mercredi 20 avril 2022
Pour le célèbre collectif Anonymous, la cyberguerre a lieu sur tous les fronts.
Le message est apparu quelques heures après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Il a été relayé par plusieurs comptes Twitter comme @YourAnonOne ou encore @YourAnonNews, qui compte plus de 7,8 millions d’usagers.
« Nous voyons les nuages de la guerre créés par un fou qui cherche son intérêt personnel, et cela nous mécontente » , annonçait alors dans une vidéo YouTube un membre du groupe d’hacktivistes anonymes, masque de Guy Fawkes sur le visage et voix métallique. « Nous sommes Anonymous, concluait-il selon la formule d’usage. Nous sommes légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Vlad (pour Vladimir Poutine, ndla), redoutes-nous ! »
L’opération la plus suivie à ce jour a été conçue par un groupe international de programmeurs, coordonné depuis la Pologne et nommé « l’escadron 303 » , en référence à cet escadron de pilotes polonais qui se sont battus de façon héroïque lors de la bataille d’Angleterre contre les nazis en 1940. Affiliés à Anonymous, qui les héberge sur son site web, ils invitent tout·e un·e chacun·e à « rejoindre la légion » en se connectant au site www.1920.in, afin d’envoyer un message sur la guerre à l’une des millions d’adresses e-mail ou à l’un des numéros de téléphone russes des bases de données dérobées. Une façon habile de contourner la censure numérique imposée par le Kremlin.
Plus de 30 millions de messages auraient été envoyés par ce biais, à en croire leurs chiffres. Dans un autre cas de vol de données, des groupes opérant sous les noms d’Anonymous Liberland et de Pwn-Bär Hack Team ont obtenu plus de 200 Go de courriels du fabricant d’armes biélorusse Tetraedr, mis à disposition via le site web Distributed Denial of Secrets.
« Anonymous a piraté plus de 2 500 sites russes et biélorusses, y compris des sites gouvernementaux, des médias, des aéroports et des banques » , affirmait jeudi 17 mars sur Twitter le compte @AnonymousTV.
Jeremiah Fowler affirme que les résultats sont bien là : « Anonymous s’est avéré être un groupe très compétent, qui a eu accès à des cibles, des dossiers et des bases de données de grande valeur dans la Fédération de Russie » , écrit-il dans son rapport.
« Les actions revendiquées par Anonymous sont dans 90 % des cas véridiques » , insiste-t-il, comme le confirme la chronologie. « Et le collectif ne semble pas agir pour la notoriété mais bien pour la cause qu’il défend ».
Dernières opérations en date, Anonymous cible désormais les entreprises occidentales, notamment françaises, qui font encore des affaires en Russie. Le compte Twitter Anonymous Resistance affirme enfin avoir récupéré les données de 120.000 soldats russes, ce qui lui « permettrait d’identifier de probables responsables de crimes de guerre perpétrés à Boutcha » .
— Source : Yann Perreau (ladn.eu)