jeudi 6 janvier 2011
En représailles à la censure, le groupe de hackers Anonymous ont lancé Opération : Tunisia. Elle vise à pirater des sites et portails Internet clés du gouvernement tunisien.
La censure d’Internet en Tunisie, où les censeurs [du ministère de l’Intérieur] sont surnommés Ammar par les Tunisiens, continue de s’attaquer aux comptes d’activistes tunisiens dans le contexte des troubles sociaux [en] que connait le pays depuis la mi-décembre. Ce 3 janvier, des cyber-activistes tunisiens ont annoncé que le gouvernement avait piraté leurs comptes email, leurs blogs et leurs profils sur les réseaux sociaux, pour les détruire. Il semble s’agir de représailles après une autre cyberattaque, celle du groupe de hackers Anonymous, qui ont piraté des sites et portails Internet clés du gouvernement tunisien.
Le piratage de comptes n’a rien de nouveau en Tunisie, ou pour ses dissidents politiques. Le pays est connu comme un état policier, ennemi d’Internet et très répressif envers ses médias. Le World Press Freedom Index a rétrogradé la Tunisie de la 154ème place à la 164ème dans son classement 2010. “Le pays continue à chuter dans les profondeurs du classement, pour sa politique de répression systématique mise en place par les dirigeants politiques de Tunis contre quiconque exprime des idées contraires à celle du régime” commente ce rapport.
Selon le site Gawker, Anonymous, un groupe de hackers militants organisés de façon informelle, a attaqué les sites du gouvernement tunisien – y compris celui du président Ben Ali, du Premier ministre, de la bourse des valeurs, et ceux de plusieurs ministères – en représailles contre la censure par le gouvernement tunisien du site Wikileaks, après la divulgation des télégrammes diplomatiques américains, et contre la politique de censure agressive d’Internet qui a lieu en Tunisie.
Sur AnonNews.org, un forum en ligne pour les “hacktivistes” (contraction de hacker et activiste), voici la déclaration qui a été publiée dans ce qui est maintenant connu sous le nom de code Opération Tunisia #OpTunisia :
Le temps de la vérité est arrivé. Le temps où les gens s’expriment librement et peuvent être entendus n’importe où dans le monde. Le gouvernement tunisien veut contrôler le présent avec des mensonges et de la désinformation, pour contrôler le futur en dissimulant la vérité à ses citoyens.
Nous ne resterons pas silencieux tandis que ceci a lieu. Anonymous a entendu la demande de liberté des Tunisiens. Anonymous est prêt à aider les Tunisiens dans leur combat contre l’oppression. On y arrivera. On y arrivera.
Ceci est un avertissement au gouvernement tunisien : les attaques contre la liberté d’expression et d’information de ses citoyens ne seront pas tolérées. Toute organisation impliquée dans la censure sera visée, et ne sera pas en paix tant que le gouvernement tunisien n’entendra pas la demande de liberté de son peuple. Il appartient au gouvernement tunisien de mettre un terme à cette situation. Libérez le Net, et les attaques cesseront, continuez, et ceci n’est que le début.
Selon des militants qui se trouvent en Tunisie, le gouvernement tunisien a riposté en piratant les messageries électroniques d’activistes, d’avocats et de journalistes, et en détruisant leurs blogs et leurs comptes sur les réseaux sociaux, comme Facebook.
Le blogueur tunisien Astrubal, co-responsable du portail d’informations Nawaat.org, juge que les indices indiquent une attaque coordonnée par le gouvernement tunisien pour tenter de pénétrer par effraction dans les comptes privés. Il écrit :
"Il s’agit vraisemblablement d’une campagne destinée surtout à subtiliser les log et mot de passe des utilisateurs afin de fouiner dans leurs messages privés. Par ce moyen, la police, en quête de renseignements, chercherait à s’infiltrer dans les comptes des utilisateurs pour savoir qui communique avec qui et sur quel sujet. Il s’agirait en somme de chercher à démanteler ces réseaux de journalisme citoyen qui se sont constitués spontanément suite aux mouvements de contestation de Sidi-Bouzid.
Depuis les événements de Sidi-Bouzid qui ont montré, en effet, l’importance des réseaux sociaux quant à la circulation de l’information, des perturbations récurrentes du réseau ont été constatées. Pour le cas de Facebook, les connexions en HTTPS notamment pour se logger sont souvent impossibles à établir. Le pouvoir tunisien n’a pas osé, comme il l’a fait par le passé, bloquer les services du réseau social le plus utilisé par les Tunisiens. Cette fois-ci, il semble qu’il chercherait plutôt à atteindre directement ceux qui l’utilisent pour faire circuler l’information, plutôt que de s’attirer les foudres de tous les utilisateurs par un blocage total de Facebook.
En tout état de cause, nous rappelons à tous les utilisateurs de Facebook et, a fortiori, s’ils se connectent à partir de la Tunisie : NE VOUS CONNECTEZ JAMAIS à partir d’une page non sécurisée. Même si vous n’avez rien à cacher, n’oubliez jamais que vous êtes également dépositaire de la confiance des personnes qui vous envoient des messages privés. Même si, vous, ça vous est égal que l’on puisse fouiner dans vos messages privés, on se doit, tout un chacun, d’honorer la confidentialité des messages privés que nous recevons."
Les blogueurs sont sous le feu de la cyber police tunisienne, elle essaie de pirater tous ceux qui ont soutenu #sidibouzid ou #OperationTunisia.
D’après des informations données par des gens en #Tunisie un modèle apparait : les comptes FB piratés étaient connectés à des adresses Yahoo Mail #sidibouzid #Ammar404.
Il ajoute :
#Tunisia l’activiste @benmhennilina et le journaliste @Sofien_Chourabi sont ciblés parce qu’ils parlent aux médias étrangers #sidibouzid #Ammar404.
Police tunisienne pirate comptes Facebook pour rassembler preuves. Soyez prudents #Anonymous #OpTunisia #SidiBouzid.
#sidibouzid le piratage de comptes e-mail et Facebook confirme que le gouvernement Ben Ali est une entreprise criminelle.
RT @nayzek haha Maintenant, des officiels (?) téléphoneraient personnellement aux gens pour leur dire de ne plus partager des vidéos sur #sidibouzid sur FB :) #OpTunisia...
Pour des mises à jour sur le mouvement Sidi Bouzid et la Tunisie, suivre les mots-clés #SidiBouzid et #Tunisia, où l’on trouve régulièrement des informations sur les événement en cours.
— Amira Al Hussaini.